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lancelot du lac.

il arriva que les Saisnes firent une sortie contre les Bretons. Lancelot, pour la première fois depuis dix jours, dormait. La reine attirée par les cris d’alarme vient aux fenêtres, et voit les deux partis prêts à fondre l’un contre l’autre. De sa chambre, la dame de Malehaut l’entend sangloter : elle vient à elle : « Qu’avez-vous encore ? » dit-elle en la soutenant dans ses bras ? — Hélas ! quand tous peuvent mourir, pourquoi ne le puis-je aussi ? Ô Fleur de toute chevalerie ! que n’êtes-vous ce que vous étiez, la bataille serait menée à meilleure fin ! » Lancelot entend la voix, il se lève, se jette sur une vieille lance pendue aux parois et s’en escrime contre un pilier de la chambre, jusqu’à ce qu’elle vole en éclats. Alors il tombe épuisé de faiblesse sur un bloc de pierre ; ses yeux se ferment, et la reine court le soutenir. Peut-être, pense-t-elle, l’écu apporté l’autre jour par la demoiselle aura-t-il la vertu de le calmer. Elle le passe autour de son cou ; aussitôt il revient à lui. « Où suis-je ? Dans la maison de la reine Genièvre. » À ces mots il se pâme de nouveau ; quand il se remet, la reine lui demande comment il est. « Bien ! Dieu merci ! Où est monseigneur le roi et messire Gauvain ? — Ils sont en la Roche aux Saisnes, avec Gaheriet et les autres compagnons. — Pourquoi ne suis-je plus avec eux ? pourquoi ne