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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/219

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à la grisette. C’est lui qui mène dîner à la campagne, qui mène danser à la Chaumière ou au bal du Saumon ; c’est lui qui régale du spectacle.

L’âge de l’ami des dimanches est de dix-huit à trente ans. Il est peintre en portraits ou en bâtiments, étudiant en droit, en médecine, en pharmacie, ou en musique ; vaudevilliste honoraire ou figurant à la Gaîté ; commis ou clerc ; blond ou brun, préférablement brun ; car la grisette est souvent blonde. Elle adore les contrastes.

Je ne sais si c’est par suite de cette adoration pour les contrastes que son troisième ami a la main, le pied et l’esprit lourds. Celui-là n’est autre chose que l’ami de cœur ; disons mieux, c’est l’ami de tous les instants, excepté le dimanche et les heures de la semaine consacrées par la grisette aux visites de l’ami de raison. Du reste l’ami de cœur obtient le rare privilège de la reconduire à la sortie du magasin. Il est ouvrier comme elle, a peu de défauts, place quelque argent à la caisse d’épargne et ne se permet pas la plus petite familiarité ; quelquefois cependant le baiser d’adieu sur la joue ; mais rien de plus. II se confie aveuglément en elle, par cette raison qu’il l’accompagne, de temps à autre, le soir, jusqu’à sa porte. Et puis, le dimanche matin, elle lui dit avec un gros soupir : « Guguste, ne vous fâchez pas ; il faut que j’aille encore passer la journée chez ma