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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/220

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tante qui est malade. » Notez que cette malheureuse tante se meurt tous les dimanches. Le pis, c’est que la pauvre femme est condamnée à souffrir long-temps sans mourir. Sa prétendue nièce a besoin d’une éternelle agonie pour tromper Guguste.

Quoi qu’il en soit, la grisette aime sincèrement, son Guguste, qu’elle ne trompe que par nécessité ; car Guguste n’est ni assez riche pour payer le déficit, ni même assez riche et encore moins assez propre pour la conduire à la campagne, au bal et au spectacle. De ses trois amis, l’ami du cœur est celui à qui elle n’accorde pas les droits d’un amant : elle le garde pour mari.

La grisette a un âge fixe. C’est-à-dire qu’une grisette ne saurait avoir ni moins de seize ans, ni plus de trente. Avant seize ans, c’est une petite fille ; après trente ans, c’est une femme. Le nom de grisette ne lui est applicable que dans l’intervalle qui sépare ces deux âges La trentaine venue, celle qui fut quatorze ans grisette et quatorze ans traitée comme telle, dépossédée par le temps, tombe dans le rang commun des ouvrières. Alors qu’importe son pied lourdement appuyé sur l’orteil, ses hanches qui essayent de se dandiner encore. Qu’importent les fins souliers, les bas blancs, le tablier de soie, l’œil qui se baisse pour faire croire à la pudeur, l’estomac