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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/223

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Celui-là surtout, qui s’en va dans les théâtres du boulevard flâner aux grisettes, risque plus que tout autre de perdre son argent et ses soins. Il a pris un billet de loges parce qu’il veut explorer toutes les places, depuis le parterre jusqu’au cintre ; parce qu’il veut lier conversation avec toutes les grisettes, depuis celle qui boit de la bière au paradis dans l’entr’acte, jusqu’à celle qui partage une orange avec les musiciens de l’orchestre. Mais c’est en vain qu’il essaie d’attaquer la passion à propos de l’ingénue qu’on enlève, de la décoration qui est neuve, de la scène terrible où le père noble poignarde son rival dans la personne de son fils ; en vain qu’il veut faire tourner l’horreur du drame au profit de l’amour : la grisette demeure insensible ; et si parfois elle sourit au compliment qu’il lui glisse tout bas sur la beauté de ses yeux ou sur la gracieuseté de sa taille, c’est par bienséance pure, et pour faire comprendre aux femmes ses voisines, que c’est bien à elle que ce compliment s’adresse. Du reste, elle rend froideurs pour fadeurs ; insensibilité pour cajoleries, là, près d’elle, est sa mère ou sa tante, sa bonne amie ou son amant.

Quand la foule sort, il se précipite pour offrir son bras... Peine inutile ! La grisette, ou jette un regard dédaigneux sur l’importun, ou,