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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/226

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l’ombre est factice, ont se la fait à la main, sous un parasol.

Au spectacle de ces arbres grêles et poudreux, de ce pâle printemps de grande ville, de cette joie triste comme la joie d’un malade qui se chauffe au soleil de mai, par ordonnance du médecin, je quittai bien vite la poussière ardente des trottoirs pour me plonger dans l’ombre et dans la boue des rues : elles étaient silencieuses. Le silence, du moins, peut faire croire au printemps. Presque seul, dans la vaste rue Saint-Denis, je laissais vagabonder mes pensées à travers plaine, tantôt déchirant mon habit aux ronces, tantôt effeuillant avec mes doigts des marguerites blanches et rouges : j’étais à la campagne, tout près de mon village.

Par aventure, je posai le pied sur le pied d’un homme qui faisait sentinelle à l’entrée du passage du Caire.

— « Te voilà ? – Et toi ? – Fort bien, je te remercie. –Que fais-tu là ? – Enchanté. – D’où sors-tu ? – Je me promène. »

Véritable reconnaissance de comédie, car nous nous embrassâmes. Eugène, lui dis-je, si je te dérange en quelque chose, ne t’en cache pas, je vais continuer mou chemin.

À la façon dont il me dit : « au contraire ! » à la distraction de ses yeux qui semblaient guetter