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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/227

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quelqu’un, j’imaginai que ce quelqu’un devait être quelqu’une, et je partis d’un fol éclat de joyeuseté. Les amoureux me font toujours rire. Cela me rappelle le temps ou je leur ressemblais. – « Franchement, » me dit-il, « j’attends une petite fille charmante. – Franchement, » lui répondis-je : « tu ne m’étonnes pas : toutes les petites qu’on attend sont charmantes. Mais fais-moi ta confidence jusqu’au bout : la petite fille est une grisette ? – Qui a pu te dire ?.. »

Je tirai ma montre, et, lui montrant du doigt l’aiguille qui marquait huit heures moins cinq minutes : « Quand, à huit heures du soir, Eugène, un jeune homme guette ses amours dans la rue Saint-Denis, sois assuré que ces amours-là sont une grisette. Mais, ajoutai-je, rien ne presse encore, nous pouvons causer. Je t’engage ma parole que ta maîtresse ne passera point avant une bonne, demi-heure au plus. – Ma maîtresse ! Ah, mon cher, ne te figure pas qu’elle le soit ! c’est un enfant, et sage ! – Sage comme une grisette. Quel âge ? – Dix-sept ans environ. – Blonde ou brune ? – Blonde. – Toujours ; et tu n’as rien obtenu ? – Rien, pas même la faveur de la reconduire. Elle ne veut pas que je lui parle. – Diable ! et tu l’aimes ? – Beaucoup. – Il faut que je te donne cette femme.