Aller au contenu

Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

connais ton histoire. Elle t’a regardé, tu l’as regardée ; elle est sortie, tu l’as suivie ; et puis rien. – Pour le premier soir, oui. Mais, le lendemain je lui ai parlé. – Et que t’a-t-elle répondu ? – Elle ne m’a pas répondu. »

Le pauvre Eugène poussa un lamentable soupir. – « Où demeure-t-elle ? » lui demandai-je. – « Dans le faubourg Saint-Denis, la quatrième porte à droite ; on entre par une allée. C’est tout ce, que j’en sais. À sept heures du matin elle sort de sa maison, où elle retourne à deux heures précises. – Tous les jours ? – Tous les jours. – Eh bien, mon cher, lui dis-je, tu as trouvé là, sans le savoir, un des types les plus nombreux et les plus intéressants de la grisette : celle qui a des parents, qui dîne chez ses parents, qui couche chez ses parents. Presque tout ce qu’elle gagne, elle le leur abandonne. – Chère petite ! » fit-il.

— « Je vais te dire, » continuai-je, « les mœurs de la jeune fille que tu courtises. Sur les dix francs que son travail peut lui rapporter par semaine, elle remet sept francs à sa famille qui lui donne, en échange, le logement et la nourriture. Son entretien reste à sa charge. – Quoi ! ne lui laisse-t-on que trois francs par semaine pour fournir aux frais de sa toilette ? – Pas davantage. Mais tu comprends bien que, s’il vient à lui manquer un franc ou deux pour acheter une paire de bas