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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/230

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ou une collerette, ses parents ne lui refusent jamais cette faible somme ; car ils bénéficient sur les sept francs de chaque samedi. La loger n’augmente pas leur dépense : elle couche en famille, et, le jour, elle habite dehors. Quant à la nourriture, cela se réduit à si peu de chose que j’ai honte d’en parler. Le matin, avant qu’elle ne sorte, sa mère lui donne deux sous qu’elle consomme en un déjeuner fait en commun avec ses petites camarades de boutique. À deux heures, elle rentre dîner chez sa mère ; repas indigeste où toute la maisonnée se repaît à bon compte de bœuf de halle et de salade. Les jours où la salade manque, le bœuf est arrangé à la vinaigrette ; et si la vinaigrette est absente, le plat de petit salé aux choux y supplée. Cette fois, la salade est tenue en réserve pour le repas de neuf heures, alors que la grisette a fini sa journée. La mère boit du vin et aussi le père, quand il s’en trouve un à la maison. Le père est un objet de luxe dans la parenté des grisettes. Beaucoup de pauvres familles s’en passent.

« Pour achever, je dois t’apprendre, par forme de compliment sur ton choix, que la grisette qui dîne, soupe et couche chez sa mère, est, de toutes les jeunes filles de son espèce, la moins relâchée dans ses amours. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit sage. »