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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/233

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que faire ? – Rien de tout ce que tu imagines. Je ne connais qu’un moyen pour faire une grisette, un seul qui soit presque infaillible. – Et ce moyen, c’est ?... – C’est, lui dis-je, d’acheter un parapluie. »

Il me regarda tout stupéfait. – « Parles-tu ? – Très-sérieusement. – Acheter un parapluie pour elle ? – Non, un parapluie pour toi, Eugène. »

Il me regarda plus stupéfait encore. – « Allons, tu te moques ! s’écria-t-il. Quel rapport peut avoir un parapluie avec une grisette ? – Si nous étions en hiver, repris-je, je ne te donnerais pas ce conseil. Mais par le beau temps qu’il fait, un parapluie est de toute nécessité. Achète un parapluie – Dans le printemps, quand l’air est pur et le soleil magnifique ? – Tout juste, dans le printemps, quand l’air est pur et le soleil magnifique. À quoi te servirait un parapluie par les temps de pluie ? »

Il me traita d’homme ridicule, paradoxal et fou ; après quoi je pus le convaincre. Il m’embrassa tout joyeux, m’appela son ami, son sauveur, et courut bien vite acheter un parapluie. Jamais le ciel n’avait été si pur.

— « Tu as bien compris ? » lui dis-je. « Un parapluie pour une seule personne ? – Oui, oui, me cria-t-il de loin, le plus étroit de tous les parapluies