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Page:Paris, ou le livre des cent-et-un, Tome VI, 1832.djvu/235

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de castor qui suaient l’eau par gouttière ; son large pantalon blanc collé sur ses cuisses ; son chapeau ruisselant, tout cela faisait d’Eugène l’homme le plus mouillé et le plus heureux de la terre.

Sa seule crainte, c’était que l’orage ne cessât tout-à-coup, ou bien que la jeune fille ne voulût pas quitter son magasin par un aussi mauvais temps. Mais l’ouvrage fini, l’heure du départ venue, on regarde bien un moment à travers les vitres ; on hésite, on se dit : Attendons ! Puis le ciel semble s’éclaircir, l’averse est moins forte, on pense que le trajet est court, on retrousse sa robe, et l’on part.

La voilà qui, de la pointe du pied, sautille sur les pavés luisants ; ses mains s’abritent sous le tablier, son mouchoir flotte sur son bonnet, et elle penche sa tête sur sa poitrine, de peur de laisser mouiller son visage.

La pluie redouble. Eugène accourt. – « Si mademoiselle voulait profiter !... – Je vous remercie, monsieur, je demeure à l’entrée du faubourg. »

Elle a dit ce peu de mots sans lever la tête.

Eugène, qui la côtoie, prend bien garde d’envoyer quelque flaquée d’eau dans les bas de la grisette. Tout serait perdu, je le lui ai dit. II avance le bras pour la couvrir de son parapluie, cependant qu’il a soin de marcher avec précaution