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FRANÇOIS VILLON.

de fortes sommes appartenant à la Faculté de théologie, qui avait là son trésor en dépôt. Les cinq compagnons s’introduisirent dans un jardin contigu à la cour du collège, puis, par-dessus le mur, dans le collège même ; Tabarie resta dans le jardin pour faire le guet et garder les manteaux. Petit-Jean crocheta un coffre où on trouva quelques centaines d’écus d’or qu’ils se partagèrent, et le lendemain ils dînèrent tous joyeusement à la Pomme de pin. On peut croire que Villon, nanti d’une bonne part du butin, retarda son départ pour Angers et fit pendant quelque temps bombance avec les beaux écus d’or de la Faculté de théologie. Mais ils allèrent vite où allaient, il nous l’a dit, tous les écus ainsi gagnés, et il se retrouva dans la même situation qu’à Noël. Il reprit alors son projet de voyage, mais avec une intention qu’il n’avait sans doute pas en écrivant les Lais (aurait-il sans cela proclamé qu’il partait précisément pour Angers ?). Il se souvenait d’avoir entendu dire à son oncle qu’un de ses confrères gardait jalousement un gros magot, cinq ou six cents écus. Il raconta la chose à la bande de Colin des Cayeux et offrit, dans son séjour à Angers, d’étudier les voies et moyens de « débourser « le vieux moine en question. S’il trouvait le coup faisable, il reviendrait avertir les compagnons, et tous se rendraient à Angers. Pour lui, il y était en tout cas au mois de mai, comme le raconta Gui Tabarie dans les circonstances que nous allons voir.

Le vol du collège de Navarre ne fut découvert qu’au mois de mars suivant (1457), et on n’en connut les auteurs qu’au mois de mai, grâce aux confidences