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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/140

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Il partit ainsi de la montagne
Dans le trouble et le repentir.
« Je veux aller à Rome
Et me confesser au pape.

Me voilà joyeusement en route :
Que Dieu me protège toujours !
Je vais trouver le pape Urbain,
Voir s’il pourrait me sauver.

Ah ! pape, mon cher seigneur,
Je vous avoue en pleurant le péché
Que j’ai commis dans ma vie,
Comme je vais vous le raconter.

Je suis resté pendant un an
Auprès d’une dame nommée Vénus.
Je veux me confesser et recevoir une pénitence,
Savoir si je pourrais voir Dieu. »

Le pape tenait à la main un bâton sec ;
Il le ficha en terre[1] :
« Aussi bien que ce bâton peut verdoyer
Tu peux obtenir la grâce de Dieu[2] ! »

Il repartit de là
En trouble et en douleur :
« Ah ! Marie, pure Vierge mère,
Il me faut me séparer de toi[3] ! »

  1. Ce vers est emprunté aux leçons bas-allemande, néerlandaise et danoise.
  2. La plupart des versions intercalent ici un quatrain qui ne va pas avec le reste : « Et si je vivais encore un an, – un an sur cette terre, – je ferais confession et pénitence – et gagnerais la grâce de Dieu. » Dans quelques-unes, cette pensée est suivie de malédictions contre les prêtres, qui perdent tant d’âmes que Dieu aurait volontiers sauvées.
  3. Très jolie variante dans la version suisse : « Quand il sortit par la porte de la ville, il rencontra Notre Dame : – « Adieu, Vierge pure ! – Je n’ai plus le droit de te regarder ! » – La variante bas-allemande est d’une beauté antique : « Quand il arriva devant la montagne, – il regarda de tous côtés autour de lui : – « Adieu, soleil, – adieu, lune, – et aussi tous mes chers amis ! »