Ha ! que vois-ie bons Dieux ! quel genereux courage !
Il apprend cet arreſt ſans changer de viſage.
Courage Endymion, prepare ce grand cœur,
Sans accuſer les Dieux d’avoir trop de rigueur :
Offre leur ta belle ame.
De m’inſtruire en cela de ce que ie dois faire :
O ! l’aggreable arreſt, la ſouhaittable mort,
Ne dois-ie pas benir la douceur de mon ſort ?
Enfin c’eſt pour Diane, mort chere & glorieuſe,
Qui ſur toutes les morts ſera victorieuſe :
C’eſt donc pour ma Deeſſe ? eſt il rien de ſi doux
Que de mourir pour elle, & d’en ſentir les coups ?
Aiguiſez vos couſteaux, allez en diligence,
I’attendray ce moment auec impatience :
Loing de l’apprehender, i’en adore l’autheur,
Ie vous le dis encor, grand Sacrificateur,
Puiſque c’eſt pour Diane…
.
C’eſt elle qui l’ordonne :
Et puis qu’il faut mourir, Allons, i’en ſuis contant,
Ie receuray le coup d’un cœur ferme & conſtant.
Mais ſi de m’immoler vous avez repugnance,
Comme ie le connois à voſtre contenance,
Si vous apprehendez d’accomplir ce deſſein,
Vous me verrez plonger le couſteau dans mon ſein.
Quoy vous verſez des pleurs ? & moy ie meurs d’enuie