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dies communes, il nous a paru nécessaire de reproduire ces essais d’inoculation avec des salives d’enfants.

Dans ce but, j’ai eu recours à votre obligeance, et vous m’avez autorisé à prélever des salives chez les pauvres petits morts de votre hospice des Enfants-Assistés.

Il est fort heureux que nous ayons eu cette pensée; car des lapins inoculés par des salives prises sur les petits cadavres dont je parle nous ont offert le même organisme virulent pour les lapins et non pour les cobayes. Une seule salive de personne adulte, en pleine santé, recueillie à jeun, le matin, nous a offert le même microbe ; mais il n’est pas douteux qu’on pourrait le trouver souvent et que cet organisme doit être un de ceux qui habitent les premières voies digestives.

En conséquence, la nouvelle maladie n’a aucune relation avec la rage.

On ne peut se défendre d’un sentiment de surprise en apprenant l’existence dans la salive, particulièrement dans la salive des enfants, d’un microbe spécial, dont l’inoculation aux plus petites doses amène si facilement la mort des lapins et même des chiens.

J’y vois, pour ma part, un symptôme nouveau de grand avenir pour la connaissance étiologique des maladies dont la cause doit être attribuée à la présence et au développement d’organismes microscopiques.

Veuillez agréer, Monsieur et très honoré collègue, l’hommage de tout mon respect.

L. PASTEUR.


[LETTRE À M. LE SECRETAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE][1]

Permettez-moi de protester contre les assertions émises par M. Colin, dans la dernière séance[2], au sujet de l’organisme microscopique que j’ai reconnu exister dans la salive de l’enfant mort de la rage, le 11 décembre dernier, à l’hospice de Sainte-Eugénie, organisme microscopique qui communique aux lapins une maladie viru-

  1. Bulletin de l’Académie de médecine, séance du 31 mai 1881, 2e sér., X, p. 710-717.
  2. COLIN. Quelques expériences sur la rage, la septicémie et le charbon. Ibid., séance du 24 mai 1881, 2e sér., X, p. 694-702. (Note de l’Édition.)