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dique et avec des moyens plus complets de démonstration, qu’indiqueront mieux l’idée générale vers laquelle convergent l’ensemble de mes efforts. En attendant, c’est pour moi un bien précieux encouragement d’être approuvé et loué par un savant tel que vous. Vos travaux vous ont acquis un grand nom et vous ont placé au premier rang des expérimentateurs de notre temps. C’est vous dire que l’admiration que vous professez pour moi est bien partagée. En effet, nous devons être nés pour nous entendre et nous comprendre, puisque tous deux nous sommes animés de la même passion et des mêmes sentiments pour la vraie Science.

Je vous demande pardon de ne pas avoir répondu à votre première lettre : mais je n’étais pas en état de faire la Note que vous me demandiez. J’ai bien pris part à vos douleurs de famille. J’ai également passé par là et j’ai pu comprendre tout ce qu’a dû souffrir une âme délicate et tendre comme la vôtre.

J’ai l’intention de rentrer bientôt à Paris et de reprendre cet hiver mon cours, autant que je le pourrai. Comme vous le dites dans votre article, les symptômes graves paraissent avoir disparu, mais j’ai encore grand besoin de ménagements ; la moindre fatigue, le moindre écart de régime, me remettent sur le flanc. D’ailleurs j’ai reçu durant le cours de ma maladie tant de marques de sympathie et de haute bienveillance, tant de preuves d’estime et d’amitié, qu’il me semble que je suis engagé à ne rien négliger pour le rétablissement de ma santé, afin de pouvoir par la suite témoigner aux uns ma reconnaissance et mon dévouement, aux autres ma sincère affection.

Donc, à bientôt, j’espère ; en attendant, votre dévoué et affectionné confrère,

Claude Bernard.

Le lendemain, 10 novembre, il adressa cette lettre à notre ami commun M. Henri Sainte-Claire Deville :

Mon cher ami,

Vous n’êtes pas moins habile à inventer des surprises amicales qu’à faire de grandes découvertes scientifiques. C’est une idée char-