Page:Pastre - Bayreuth sous Hitler, 1933.djvu/7

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belle-fille de Wagner ; pendant les représentations le petit-fils du Maître, un jeune garçon de seize ans, était assis près du dictateur. Qu’entend-on dans cette demeure florale et sylvestre, entre la table où fut écrit le poème du Crépuscule et le piano où fut composé Tristan, et dans ces frais jardins, autour de la tombe du Maître que des mains reconnaissantes et pieuses ensevelissent sous les fleurs ? On y entend Strauss parler musique. En effet, l’illustre auteur de Salomé était venu conduire Parsifal, Toscanini ayant refusé de participer au festival à la suite des mesures prises contre ses collègues israélites. La présence de Strauss, l’appui financier donné par le Reich aux fêtes wagnériennes, que de précieux indices ! Dans ces jardins si bien fréquentés, il nous a été donné d’entendre aussi les couplets du racisme intégral ; la domination du monde promise par la race élue, au dolichocéphale blond ; un gobinisme exaspéré, reposant, à tout prendre, sur une série d’erreurs historiques dont certaines sont voulues. Ce racisme agressif se rattache aux « mentalités primitives » de M. Lévy-Bruhl. Tout étranger peut facilement devenir pour les hitlériens un ennemi puisqu’il ne participe pas aux rites magiques de la tribu. On trouve aussi, dans ce racisme, à côté de la flamme fulgurante de Nietzsche, le « climat » religieux, passionnel et politique qui marqua la « Réformation ». On croit entendre, par moment, la grande voix de Martin Luther.

Ah ! on ne ménage guère les Juifs ! On les accuse de tous les méfaits possibles et imaginables ; destructeurs, négateurs, révolutionnaires-nés, usuriers, transportant en tous lieux le désordres intellectuel et moral, éternels colporteurs de la révolution humaine… J’en passe. En revanche, plusieurs Allemands m’ont affirmé que si on avait pris de strictes mesures pour préserver l’Allemagne du « virus juif » (sic), il n’y avait eu ni violences ni sévices. Opinion que, naturellement, je n’ai pu contrôler. De même on a expulsé d’Allemagne les « brutes intellectuelles » : en-