lonté dont, il eut soudain honte. La discipline à
laquelle il avait été dressé depuis son adolescence
par son beau-père reprit le dessus dans cette sensibilité
si profondément bouleversée. Cette fois
c’étaient ses propres paroles qui lui revenaient à la
mémoire. : « Sans vérité, il n’y a pas de conscience… »
Il se redit, il s’enfonça jusqu’au plus intime de son
âme ce mot de « vérité », et, comme il eût marché
sur un pistolet chargé, dans un duel, il entra dans
la maison. Il n’avait rien demandé à la loge, mais sa
résolution était si entière maintenant qu’arrivé
sur le palier de Berthe, et quand il vit la clef sur
la porte, un soupir de soulagement échappa de sa
poitrine. Un coup du revers de sa main sur cette
porte, — les deux syllabes « Entrez » prononcées
de cette voix à laquelle il avait tant cru, — un tour
donné à la clef, et il était devant elle.
L’étudiante avait reconnu la manière de frapper du jeune homme. Aussi ne s’était-elle pas levée du fauteuil où elle se tenait assise. Devant elle, sur son bureau, un atlas se trouvait ouvert, à une page où était représentée l’anatomie de la jambe. L’entrelacement des vaisseaux sanguins, des nerfs et des muscles autour des os était figuré par une superposition de lamelles de papier découpées et coloriées en bleu, en noir, en gris, en rouge. Des doigts de sa main gauche, Berthe soulevait soigneusement