Aller au contenu

Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XIII


COURONNE PARTAGÉE


Au midi de l’enceinte, sur la pente douce des gaiets, la cohue était au grand complet, une cohue libre et à l’abri de ce frein que nos polices modernes passent dans la gueule du monstre une cohue sans gêne, la bride sur le cou, livrée à elle-même, bonne fille, mais quinteuse, gaie, mais vive et braillarde, un peu ivre, très querelleuse et naturellement portée vers la dévotion des plaies et bosses. Il y avait des Normands et des Bretons, des jeunes et des vieux, des filles et des gars pêle-mêle. De-ci, de-là des ânes, des bidets, des charrettes attelées, engins de discordes ! En effet, les propriétaires de ces bidets, ânes et carrioles, voulaient monter dessus pour mieux voir ; ceux qui étaient derrière ne voulaient pas. De là d’épiques bagarres qui jonchaient le sol de débris de coiffes, de lambeaux de vestes et de poignées de cheveux. Liberté, liberté chérie ! voilà comme quoi sans le savoir vous enfantâtes les gendarmes !

Après cela, une fête où l’on ne se prend pas aux cheveux est-elle une bonne fête ?

Catiolle, la mareyeuse, et Huguet, l’archer, avaient uni leurs épaules complaisantes. Le nain Fier-à-Bras s’asseyait dessus. Du haut de ce trône, où il achevait de grignotter une tourte d’Ardevon, Fier-à-Bras pérorait