Aller au contenu

Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et maître de cette considérable dame de Torcy ; Rieux eut Bourbon. Coëtquen eut Commingues, l’ïsie Adam eut Nompar de Caumont, etc., etc.

— Pasques-Dieu ! s’écria Fier-à-Bras, car moi et le roi nous jurons de la même sorte, messire Aubry n’y va pas par quatre chemins ! Voyez s’il s’est retiré devant le duc !

Aubry restait en effet en face de l’écu malgré le défi de François qui avait suivi le sien. Otto Béringhem sortit de la tente. Il avait le choix entre ses deux provocateurs mais le choix ne pouvait guère être douteux ; comment hésiter entre la fanfaronnade de ce pauvre enfant et le défi sérieux du duc de Bretagne ? Otto n’hésita point, en effet, il laissa de côté le duc et choisit l’enfant.

Le duc fut réduit à toucher l’écu de Beaujeu.

Les Bretons tournèrent bride pour prendre champ. Belle et grande joute, cette fois sauf le petit Aubry qui n’avait point encore gagné ses éperons, et que le duc de Bretagne, suivant l’opinion commune, aurait dû renvoyer à l’école, poursuivants et tenants étaient tous chevaliers accomplis. L’attention redoubla autour de l’enceinte ; dans l’enceinte, hérauts, sergents, écuyers se rangeaient aux places les plus favorables pour ne rien perdre du choc mémorable qui allait avoir lieu. Le seul être qui, dans cette réunion, ne montra aucune curiosité, fut l’écuyer Jeannin. C’était à n’y point croire. Jeannin, le fier homme d’armes qui avait usé sa vie au milieu des coups de lance, Jeannin, le soldat vaillant, Jeannin qui voyait en outre engagé dans cette grave partie son élève chéri, le fils unique de son maître, Jeannin restait à l’écart, endormi à moitié sur sa selle et aussi inditlérent à tout ce qui se passait que si la joute eût été à cent lieues de lui.

Les gens du Roz remarquaient bien cela. Fier-à-Bras riait dans le collet de son pourpoint.

Malgré sa prudence d’homme d’État, il grommela deux ou trois fois :

— Vous allez voir, vous allez voir, notre oncle Jeannin n’est pas mort !