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XVI


FRÈRE TOURIER


Jeannin criait :

— Arrêtez le païen ! Chrétiens, donnez-moi votre aide au nom de Dieu !

Mais l’épée du comte flamboyait au soleil. La cohue grondait et ne bougeait pas.

Le duc de Bretagne, étouffé dans son armure, se plaignait sourdement. Beaucoup pensaient que l’Homme de Fer emportait un cadavre.

À mesure que la course avançait, la distance diminuait réellement entre le comte et Jeannin. Jeannin était parfaitement monté : il avait le cheval du duc de Bretagne. La distance augmentait au contraire entre le bon écuyer et les chevaliers bretons qui couraient maintenant à plus de mille pas en arrière. En gardant son avantage, Jeannin pouvait encore espérer d’atteindre l’Homme de Fer. C’était l’espérance de la foule qui flairait un combat épique entre ces deux superbes soldats.

Le cheval du comte, malgré sa vigueur extraordinaire, jetait une fumée épaisse par les naseaux. Ses flancs épuisés battaient. L’écume qui tombaient de sa bouche était sanglante. Le comte l’excitait de la voix et ménageait encore les éperons. Le cheval de Jeannin, plus fin, plus vif et moins chargé, avait été plus surmené au début de la course. Ses efforts étaient maintenant