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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/158

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— Sire répliqua-t-il, ému encore de ce qu’il avait vu la veille en la grève Saint-Sulpice ; m’est avis que ce n’est point un bras humain qui pût enlever le duc François revêtu de ses armes et le coucher, comme si c’eût été un enfant, sur le garrot d’un cheval. Il faut autre chose que des murailles de pierre pour tenir captif le comte Otto Béringhem.

Le rasoir grinça sur la barbe fauve et rude de Louis de Valois.

— Dans ces bons et robustes cachots, poursuivit-il, appliquant sans y prendre garde aux cages souterraines toutes sortes d’épithètes caressantes, il y a des bagues de fer bellement scellées. Si l’on rivait un collier bien éprouvé au cou d’un captif, le collier à une chaîne de convenable épaisseur, la chaîne à la bague, il me semble pourtant que le captif pourrait dire adieu à l’air libre et au soleil.

— Qu’il plaise à Votre Majesté de tendre son autre joue. Il me semble à moi que le souffle de ce maudit mordrait le fer comme une lime et qu’une parole magique, tombant de sa bouche, ébranlerait le mont sur sa base.

— Que disent nos chevaliers ?

— Les chevaliers prononcent tout bas le mot sacrilège.

— Que ferais-tu, toi, à ma place, mon compère Olivier ?

— Le roi est rasé… je laisserais dire les chevaliers ou bien je donnerais ce comte Otto à la hache du maître Tristan.

Louis XI joignit ses deux mains devant l’image d’or de saint Michel.

— Puissant archange, s’écria-t-il, veuillez m’écouter à cette heure. Votre nom glorieux est engagé dans tout ceci et vous êtes intéressé directement à l’honneur de l’ordre que je fonde sous votre souveraine invocation. Je me suis servi du païn pour avancer d’autant notre œuvre. Si le païn est soutenu par l’esprit du mal, me laisserez-vous sans défense contre lui ? Je vous prie, bienheureux archange, tournez vos regards vers mot et voyez la grande peine où je suis pour débarasser