Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/44

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— Tu ne sais pas par quel bout t’y prendre ?… Ah ! ah ! si j’étais mort, tu serais un homme perdu ! Que s’est-il passé l’hôtel du Dayron, depuis ce matin ?

— On a festoyé, on a ri, on a dansé.

— Y étais-tu ?

— Non.

— Que n’y étais-je, moi ! On a dû remarquer mon absence. L’appât du gain et des tourtes m’avait entraîné : je suis puni… L’Homme de Fer était ce soir à l’hôtel du Dayron.

— L’Homme de Fer ! répéta Jeannin.

— L’Homme de Fer a regardé ta fille, reprit Fier-à-Bras.

Jeannin serra involontairement la poignée de sa dague.

— Tu es fort, continua le nain tranquillement, mais celui-là est plus fort que toi. L’ermite a dit qu’il serait tué par une femme. Pourquoi ? parce qu’aucun homme ne pourrait le tuer. Je n’ai pas pu tout voir à cause du rôle que je jouais dans la baraque du vieux Rémy ; mais j’ai aperçu ta fille sur la terrasse avec Berthe de Maurever. Le comte Otto regardait aussi Berthe de Maurever.

— Prends garde ! s’écria Jeannin, c’est la fiancée de mon jeune seigneur !

— Ne t’occupe pas d’elle plus que ton jeune seigneur lui-même… J’ai vu encore madame Reine qui te cherchait des yeux dans la foule. Si j’avais pu quitter la loge et me glisser à l’hôtel du Dayron, ne fût-ce que pour dix minutes, je t’en dirais plus long, mais il fallait exécuter loyalement mon contrat avec le bonhomme Rémy, n’est-ce pas vrai ? Je n’ai vu les choses que de loin… Ce que je puis te dire en toute sûreté de conscience, c’est que ton messire Aubry est damné aux trois quarts et demi.

— Quand tu parles de messire Aubry ou de madame Reine, interrompit Jeannin sévèrement, garde-toi de perdre le respect !

— J’ai bien perdu trente sols tournois auxquels je tenais plus qu’à tout le respect du monde ! Puisque tu ne veux point le savoir, je ne te dirai pas que j’ai vu messire Aubry