Aller au contenu

Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vassal heureux, objecta Dunois, qui tenait rancune à la France. Vos frères sont au pays de Galles. Le roi Édouard a des millions de sujets qui ont votre langue, vos jeux, votre origine. Ne vous donnez jamais au roi Louis, justement parce que le Couesnon est guéable.

— Ne vous donnez à personne, monseigneur ! s’écria Jean de Plœuc : M. Tanneguy, notre glorieux modèle, et Dunois, le miroir de la chevalerie, ont été jeunes. M. Tanneguy a vu souvent si nos lances de Bretagne sont moins longues que les lances normandes ou poitevines. Dunois a-t-il oublié Paris, Orléans et le bûcher de la pucelle ? Dunois ne se souvient-il plus des grands coups d’épée qui le feront vivre dan l’histoire ? Ni M. Tanneguy ni Dunois n’eussent parlé de la sorte avant d’avoir la tête blanche.

Le duc François but un grand verre pour ponctuer d’autant le discours de Jean de Plœuc, qui était son favori.

— Il y a du bon, pourtant, murmura-t-il, dans ce qu’a dit le sire du Chastel et dans ce qu’a dit notre cousin Dunois.

Ceux-ci avaient rendu la main tous les deux à Jean de Plœuc.

— Tu as bien parlé, mon neveu, fit le vieux Tanneguy : s’il reste beaucoup de Bretons comme toi, que Monseigneur le duc suive ton conseil.

— Et, de par Notre-Dame ! ajouta Dunois, nous l’y aiderons de notre mieux !

— Sans se donner, opina Coëtquen, on peut contracter alliance, le cas échéant, avec l’Anglais contre le Français, avec le Français contre l’Anglais.

Coëtquen était seigneur de Combourg ; Combourg est tout près des frontières de la Normandie.

Dunois secoua la tête.

— Il y avait une fois, dit-il, deux voisins qui volontiers bataillaient. Leurs portes se touchaient, en la ville d’Étampes. Entre leurs portes était un vert bâton de houx pour chasser les vagabonds pillards et les chiens errants, suspects de mâle