Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/86

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Un pas d’homme retentit sous le vestibule de la tente. Le page souleva la portière. Un chevalier parut, il était de grande et riche taille. Maître le Dain le vit plus haut qu’un géant. Ce chevalier, du reste, reproduisait exactement l’idée que le vulgaire avait dû prendre de l’Homme de Fer. Son armure, de toutes pièces, était d’acier bruni, dont les clous seuls, biseautés et polis, brillaient. Il portait en tête le casque, surmonté d’une longue plume noire renversée. La visière était close. Il avait, pour toute arme offensive, une courte dague dans sa gaine.

Il marcha d’un pas bruyant jusqu’au milieu de la tente, s’inclina courtoisement et resta debout devant le roi. Maître Olivier eût donné sa meilleure paire de rasoirs pour être à dix lieues de là.

Le roi ne quitta point son siège.

— Comte dit-il, je vous remercie d’être venu à mon appel.

Une voix mâle et sonore passa entre les grilles du casque.

— Sire, répliqua-t-elle, par mon fief des Îles, je suis vassal et sujet de Votre Majesté.

— Ceux qui parlent de vous, reprit Louis XI dont le regard perçant s’émoussait contre ce masque d’acier ; et beaucoup de gens parlent de vous, seigneur comte, en bien ou en mal…

— En mal seulement, sire, interrompit l’Homme de Fer ; je sais cela.

— Ceux qui parlent de vous prétendent que vous êtes vassal et sujet d’un roi qui n’est point de ce monde.

— Beaucoup de gens, répliqua l’Homme de Fer, calomnient aussi Votre Majesté.

Le roi pensa :

— Ce sorcier allemand aurait pu naître en Normandie.

— Avez-vous connaissance de ce que j’attends de vous ? interrogea-t-il tout haut.

— Oui, sire.

— Qui vous l’a dit ?

— Le bruit public.