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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/93

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Le comte Otto tira son gantelet. Au doigt annulaire il portait une bague dont les feux éblouirent Louis XI, qui était connaisseur. C’était un diamant d’un prix inestimable.

— Voici qui vaut la rançon d’un roi, dit le comte ; c’est mon gage, je le laisse à Votre Majesté. Il s’inclina et se dirigea vers la sortie de la tente. Louis XI regardait le diamant. Au moment de sortir, l’Homme de Fer se ravisa.

— Maintenant que nous sommes d’accord, dit-il, plairait-il au roi de voir face à face un de mes satellites mystérieux ?

— Cela me plairait, fit Louis XI, non sans une certaine hésitation.

La garde écossaise était si proche qu’on entendait causer entre eux les soldats. Que craindre ? Le comte Otto revint sur ses pas.

— Nasboth où es-tu ? prononça-t-il d’une voix contenue.

Nasboth ne répondit point.

Le comte prêta l’oreille à droite et à gauche comme s’il eût cherché à saisir un son dans l’air. Puis il s’approcha de la salière et se prit à écouter aux fenêtres, par où s’échappait, à l’heure du festin, la fumée du maître plat qui occupait toujours le centre de cette monumentale orféverie. En se penchant, il fit le tour de la salière. Quand le palais d’argent le cacha tout à fait aux yeux de Louis XI, il dit tout bas à l’une des ouvertures :

— Réponds ou je t’étrangle comme un poulet, petit coquin !

— Je suis ici, maître, répliqua aussitôt une voix épouvantée.

Nasboth devenait obéissant. Le roi était attentif : un sourire sceptique restait autour de ses lèvres, mais il caressait de la main à tout hasard son image de saint Michel.

— Puisque tu es ici, reprit le comte, sors de ta retraite et montre-toi aux yeux du roi.

Le couvercle de la salière s’agita bruyamment. Louis XI recula son siège.

— Airam ! Airam ! cria le comte en frappant du pied le sol ; j’ai ordonné, montre-toi !