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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Columbia. D’immenses rochers encaissent le fleuve dans un couloir de cent cinquante mètres de large, précipitent son cours avec une violence effrayante, en formant des tourbillons capables d’engouffrer les plus gros arbres.

Cet endroit est un des plus dangereux pour les bateaux. En remontant la rivière, on les décharge complètement et on transporte la cargaison pendant un demi-mille sur les sommets rugueux des rochers. Un homme reste dans chaque bateau, avec un grand bâton pour l’éloigner des rochers, pendant que d’autres, avec une longue corde, le tirent contre le courant. L’an dernier, un homme qui se trouvait en dehors de la corde fût jeté par-dessus les rochers par une secousse subite et disparut aussitôt. Quand il faut descendre, tous, au contraire, restent dans le bateau et déploient dans ce passage périlleux le plus grand courage et une véritable présence d’esprit dans des moments où la moindre erreur dans la direction de la fragile embarcation causerait une mort certaine. En arrivant à la tête des rapides, le guide monte sur les rochers et observe les tourbillons. S’ils se remplissent ou se font, comme disent les marins, les hommes se reposent sur leurs avirons jusqu’au moment où ils commencent à se dégorger ; alors les guides se rembarquent à l’instant, poussent le bateau et traversent le terrible défilé avec la rapidité d’une flèche. Quelquefois le tourbillon saisit les bateaux avec une si effrayante furie que toute direction devient impossible : alors bateaux et équipages s’engloutissent dans l’abîme.

25 septembre. — Matinée sombre et menaçante, bientôt accompagnée d’une grosse pluie ; mais le vent était favorable, on largua la voile et bientôt nous entrâmes dans un grand lac.