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Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/260

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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Min et lui dit qu’il avait besoin de chevaux et de quelques provisions pour la route, et qu’il payerait en tabac. Mah-Min lui répondit : « Vous prêchez beaucoup de choses aux Indiens, et vous leur dites de ne pas tromper et de ne pas mentir ; comment peuvent-ils vous écouter ou vous croire, vous qui êtes le père du mensonge ? Vous n’aviez pas de tabac, et à présent vous dites que vous en avez abondamment. »

Nous ne mangeâmes que des lapins dans les montagnes Rocheuses, et même pas à notre suffisance ; la cache dans laquelle la viande desséchée se trouvait, avait été découverte par les Assiniboines, qui, s’ils n’avaient pas été assez honnêtes pour résister aux nécessités de la faim, avaient au moins essayé de l’être autant que possible, en remplaçant par des fourrures de prix la viande enlevée. C’était la seconde année que pareil fait se représentait ; mais quelque avantageux que puisse être ce troc à la compagnie d’Hudson’s-Bay, il ne le fut certainement pas à ses serviteurs et à moi, car après avoir passé dix jours affamés et sans aucun signe de l’arrivée d’indiens Pieds-Noirs, je persuadai à Jemmy-Jock de revenir avec moi à Edmonton ; il y consentit et me dit qu’il savait une cache de viande sèche sur le chemin, qui nous dédommagerait abondamment, de façon que nous nous y dirigeâmes en toute hâte.

De bonne heure, dans la matinée, nous partîmes, prenant avec nous quatre chevaux en plus, pour relayer. On organise ainsi les relais : un homme est à cheval en tête, puis viennent les chevaux libres, l’autre homme les suit et les conduit ; les chevaux ne s’écartent guère, et comme ils ne portent pas de poids, ils se trouvent comparativement frais, alors que le cheval que vous montez est rendu.