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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/10

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Après l’invasion des barbares c’est un monde nouveau qui naît : sur certains points il se rapproche de l’antiquité grecque où romaine ; sous d’autres rapports il en diffère complétement. Le travail des femmes apparaît comme une industrie spécialement domestique à laquelle n’échappe aucune classe de la nation. L’empereur Charlemagne, raconte Éginard, enseigne à ses fils à monter à cheval, à chasser, à manier les armes ; il fait apprendre à ses filles l’art de filer, de tisser et d’apprêter les étoffes de laine. Les filles de l’empereur Othon le Grand étaient célèbres pour leur habileté à tisser les étoffes et à confectionner les vêtements. Le fameux poëme des Niebelungen nous offre des récits qui se pourraient insérer dans l’Iliade ou dans l’Odyssée. Quand Siegfried prend la résolution de partir pour Worms, il prie sa mère de lui préparer des vêtements de voyage, et celle-ci se met aussitôt au travail avec ses servantes. Crimhild, aidée de trente femmes habiles de sa cour, coupe de riches étoffes pour faire les vêtements de noce de Gunther[1]. Changez ces noms d’hommes ou de villes, et rien n’empêchera que ce récit ne puisse appartenir aux poëmes d’Homère.

Les barbares avaient supprimé l’esclavage, mais ils avaient établi la servitude. Il y avait des serfs attachés à la glèbe, il y en avait d’autres attachés à la maison du seigneur : c’était ce que l’on appelait les manses

  1. Das Recht der Frauen auf Arbeit und die Organisation der Frauen Arbeit von dr Karl Richter.