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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/11

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tributaires et les manses seigneuriales. Dans les manses tributaires le serf et la serve étaient sous leurs toits et libres de leurs actions, sauf l’obligation d’une redevance. Cette redevance, qui consistait pour les serfs en travaux de culture ou en fournitures de produits agricoles, consistait pour les serves en lin filé, pièces de toile, nappes, tuniques, chemises : et autres vêtements, qu’elles devaient remettre à l’intendant du seigneur. À côté de cet atelier domestique, et comme contraste, il y avait l’atelier seigneurial. Les manses seigneuriales se composaient, non-seulement de champs et de fermes, mais d’ateliers d’hommes et de femmes. Les travaux délicats, comme la filature et le tissage du lin ou de la laine, le blanchissage, la teinture des étoffes, la confection des vêtements étaient réservés aux femmes et aux enfants. Ces enfants et ces femmes étaient réunis dans un lieu appelé le gynécée. Dans le gynécée de l’abbaye de Niederalteich l’on comptait 22 personnes, femmes et enfants ; le gynécée de Stephanswert renfermait 24 serves uniquement occupées aux travaux que nous venons de décrire[1]. Ainsi, dès l’origine du moyen âge, les femmes étaient employées, tantôt dans l’atelier domestique, tantôt dans l’atelier aggloméré. Un trouvait à les réunir des avantages sérieux pour la surveillance, pour le bon emploi des matières premières et pour la rapide confection. Il existe des

  1. Voir Levasseur, Histoire des classes ouvrières avant 1789, tome Ier, pages 144 et suivantes.