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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/9

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guerroyant contre Véies, elles ne mettaient pas la main à l’ouvrage du dehors ? Si notre éducation classique nous avait appris à connaître des anciens autre chose que leur forum et leurs camps, nous verrions assurément que leur organisation du travail différait beaucoup moins qu’on ne croit de la nôtre avant l’invention des machines, et que la femme prenait à la production une part infiniment plus active et moins sédentaire que nos préjugés ne l’admettent.

Si, pour l’antiquité, nous en sommes réduits à n’émettre que des présomptions, nous avons pour le moyen âge des données plus nombreuses et plus précises. Et cependant, si l’on n’avait pour guides que les travaux des historiens, on connaîtrait détail par détail toutes les actions militaires, mais on ignorerait l’organisation intime du travail chez nos ancêtres. Il n’est pas jusqu’aux savantes et minutieuses recherches de Monteil qui ne soient presque muettes sur le travail des femmes au moyen âge : mais d’autres documents viennent suppléer à ces lacunes. Notre civilisation moderne a été, dés l’origine, beaucoup plus préoccupée des nécessités économiques que civilisations de l’antiquité. Tout ce qui tombe le travail, même le plus grossier, a attiré l’attention du législateur, du poëte, du chroniqueur. La chaumière et l’atelier sont transparents et n’ont plus de mystères à partir des derniers temps de l’empire romain. Aussi nous est-il facile d’esquisser histoire du travail des femmes pendant les longs siècles du moyen âge.