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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/18

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ble de femmes s’employer à d’autres travaux que les travaux domestiques, et beaucoup d’entre elles faire leur ouvrage au dehors dans les ateliers du patron. Tous les inconvénients que l’on constate de nos jours par suite de cette situation étaient connus de nos ancêtres. Il est vrai que ce mal, dont les racines sont si éloignées dans la série des siècles, était à cette époque moins étendu, si ce n’est moins intense. Le nombre des ouvrières qui travaillaient au dehors se trouvait infiniment moins considérable qu’il ne l’est aujourd’hui. Les ateliers communs étaient beaucoup plus restreints et employaient un personnel plus réduit. Le foyer domestique retenait un plus grand nombre d’ouvrières des villes. Mais si l’on tient compte de l’indigence qui frappait alors cinq ou six fois plus de victimes que de nos jours, et qui comme aujourd’hui s’appesantissait surtout sur les femmes, il n’est pas téméraire de dire que, à tout considérer, la femme n’était alors ni plus heureuse, ni plus vertueuse, et que la famille, dans les basses classes, n’était guère mieux constituée qu’au dix-neuvième siècle.

La population des villes était bien moins grande qu’elle ne l’est à présent : mais dans la population des campagnes le sort des femmes, au point de vue matériel, était loin d’être digne d’envie. Non-seulement elles se trouvaient associées à tous les travaux de la culture, mais si l’on veut se rappeler que pour une même quantité de travail la terre rendait alors moins qu’elle ne vend de nos jours par suite le progrès de l’in-