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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/22

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minine minine, on en vint à l’aider par de royales faveurs. Colbert donna un privilège à une madame Gilbert, d’Alençon, pour l’introduction en France du point de Venise ; il mit à sa disposition le château de Lonray et 150,000 livres pour frais de premier établissement : à cette tentative d’imitation est due cette fabrication originale, vivace et toute française qui s’appelle le point d’Alençon. Toute la Normandie prit part au travail de la dentelle qui modifia selon les villes ses procédés et ses dessins. La Lorraine, les Vosges, les Flandres adoptèrent aussi ce précieux travail en le variant selon leur propre génie. Chose remarquable, c’est précisément dans les contrées où trône actuellement la grande industrie que cette fabrication élégante prit racine et s’étendit. Elle exerça, dès l’origine, une influence considérable sur le sort des femmes ; elle éveilla même les scrupules de cette classe d’esprits absolus qui, séduits par un idéal trop élevé et peu pratique du rôle de la femme en ce monde, voudraient abolir non-seulement la fonction, mais jusqu’au nom d’ouvrière. Un arrêt du parlement de Toulouse, en 1640, sous prétexte que la dentelle enlevait trop de femmes aux occupations domestiques, défendit le travail du carreau dans l’étendue de ce ressort. Les vrais intérêts de la femme, de l’industrie et de la civilisation eurent pour défenseur à cette époque un religieux, qui fut un saint. Le père François Régis, dont le nom est encore bien connu par l’œuvre utile placée sous son patronage, non content