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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/41

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main. À cette marche si rapide de la mécanique qui oserait fixer des bornes ? Sans doute la dentelle riche, élégante, variée, appartiendra toujours aux doigts délicats et légers de l’ouvrière : mais les dentelles communes, les guipures surtout, tous ces articles qui emploient près de 100,000 femmes dans le centre de la France et en Belgique, qui peut dire que la machine ne s’en emparera pas ? Il ne faut pas oublier que, dans notre temps, le luxe, si fastueux qu’il paraisse, vise beaucoup moins à l’art qu’à l’effet. Or, ce luxe bourgeois et banal, les machines sont parfaitement aptes à le satisfaire.

Les plus récents et les plus importants progrès de la mécanique dans le domaine des industries féminines, ce sont ceux qui s’appliquent à la couture. Nous consacrons plus loin un chapitre spécial à la machine à coudre et à son influence probable sur le sort des femmes. Ici nous ne voulons qu’exposer brièvement la transformation déjà accomplie ; elle est considérable. La machine à coudre a été l’origine de la substitution, dans une assez large mesure, du travail en atelier au travail à domicile pour la confection des vêtements, pour la passementerie, pour beaucoup d’autres industries encore. C’était peu de coudre à la mécanique : il fallut que la mécanique marchât à la vapeur. Il ne serait pas étonnant que la couture à la vapeur, dans de grands ateliers, dût faire son chemin comme le tissage mécanique. Les deux opérations présentent de l’analogie et les perfectionnements