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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/7

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dans l’ordre des idées, comporte dans l’ordre des faits de nombreuses et frappantes exceptions. La nécessité détruit brutalement l’équilibre qui semblait être dans le plan de la nature.

Nous ne remonterons pas jusqu’à l’antiquité pour y esquisser le travail des femmes : on le connaît sous ses traits poétiques. La femme, enfermée dans le gynécée grec, est livrée aux gracieux travaux des doigts. C’est Hélène qui brode avec ses servantes les combats des Grecs et des Troyens : c’est Omphale qui tient la quenouille, Pénélope qui passe ses longues journées sur un métier à tisser ; ou bien encore c’est la reine de Macédoine qui jouit au loin de la renommée d’une cuisinière habile. Sous de poétiques figures, l’on découvre parfois de rudes et grossiers labeurs : c’est Nausicaa, qui lave le linge du palais paternel sur le bord de la mer ; ce sont les jeunes filles grecques, qui portent des fardeaux sur leur tête, d’où sont nées les canéphores et les cariatides : ce sont les femmes esclaves qui tournent péniblement la meule dans la demeure d’Ulysse ; ou bien encore, dans l’antiquité juive, c’est Rébecca, qui va chercher l’eau à la fontaine éloignée ; c’est Ruth, qui supporte la chaleur du jour pour glaner quelques gerbes dans les champs de blé, Si l’on pouvait ôter tous ces masques poétiques, si, dans les littératures anciennes, la vie publique ne tenait pas le premier rang et ue voilait pas la vie privée, si les classes infimes de la nation et les grossiers labeurs avaient eu leur place dans ces poëmes