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Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/8

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et dans ces histoires classiques, l’on découvrirait, nous n’en doutons pas, mille travaux pénibles et vils exécutés par des mains de femmes. On verrait les femmes grecques occupées aux travaux des champs et du jardinage, comme cette bergère Chloé, quand elle fit la rencontre du berger Daphnis, ou comme cette paysanne, vendeuse d’herbes, dont la chronique athénienne nous vante l’oreille et l’accent ; on les verrait, comme toutes les populations des côtes de la mer, associées aux rudes occupations des pécheurs ; on les verrait enfin, dans la vie du dehors, employées à une multitude de travaux pour lesquels il est aisé de dire que leur sexe n’a pas été fait. La civilisation romaine n’a pas dû s’éloigner beaucoup sous ce rapport de la civilisation grecque. L’on connaît la belle et fière sentence de ce romain austère vantant la femme des anciens jours : domum sedebat, lanam filabat. C’était à la femme aisée et riche que s’appliquait cette maxime. Cette fileuse de haut rang, on l’opposait comme contraste et comme modèle aux oisives et luxueuses matrones des jours de corruption : mais, aux meilleurs temps de la république romaine, alors que l’esclavage n’avait pas encore couvert l’Italie de bandes serviles, que les latifundia n’existaient pas, que la petite propriété remplissait le Latium, croit-on que re fut seulement aux travaux de la fileuse qu’étaient employées les femmes latines ? Croit-on qu’elles ne prenaient pas leur part aux labeurs des champs, et que, en l’absence de leurs maris