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main et monta sur la jument qu’il emmena chez lui.

Au petit jour, le seigneur arriva à l’écurie, qui était encore obscure, et il trouva ses gardes à leur poste.

— Eh bien ! mes amis, avez-vous été plus vigilants que vos camarades qui gardaient mon four ?

— Oui, monsieur, et l’un de nous tient votre monture par la bride.

— Venez boire un coup pour vous rafraîchir.

— Volontiers, monsieur ; mais la jument doit être fatiguée d’être restée debout toute la nuit. Si nous lui ôtions ses harnais ?

Quand ils les eurent enlevés, la broie tomba avec grand fracas, et le seigneur gronda bien fort les gendarmes dont la vigilance s’était trouvée en défaut.

— Le misérable voleur ! s’écria-t-il, il m’a volé ma farine, mon pain, mon pâté ; il a fait goûter à ma femme de la bouse de vache, et aujourd’hui il m’enlève ma bonne jument ; mais rira bien qui rira le dernier !


Il alla encore chez le Fin voleur, qui se cacha de nouveau dans la tonne.

— Où est votre mari, bonne femme ?

— Il est parti ce matin, suivant sa coutume.