Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/200

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Misère alla à sa forge faire rougir trois barres de fer qu’il arrosa d’eau bénite, et les mit sous les pieds du diable :

— Que tu me brûles dur, Misère! s’écriait Satan.

— Tu brûles bien tes diablotins, répondit Misère ; pourquoi ne te brûlerais-je pas aussi, moi ?

— Si tu veux me laisser, je te donne encore dix ans à vivre.

— Oui, dit Misère, mais à la condition que tu emplisses ma cheminée d’argent, depuis le haut jusqu’en bas.

Le diable y consentit, et il vint avec des sacs pour accomplir sa promesse. Mais Misère avait averti des femmes qui étaient dans la maison, et à mesure que le diable mettait de l’argent dans la cheminée, elles le retiraient, de sorte que Satan ne pouvait la remplir ; à la fin il dit :

— Tu m’as ruiné, tu as ruiné l’enfer ; mes diablotins m’accablent de reproches et sont sans cesse à me dire qu’ils n’ont plus d’argent. Je ne veux plus de toi, et je te laisse aller, si tu ne veux plus de moi.

Peu après, Misère mourut, et il monta au paradis, où il dit à saint Pierre de lui ouvrir la porte.

— Comment t’appelles-tu ? demanda saint Pierre.