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— Êtes-vous bien sûre de cela ? dit le recteur. Si ce que vous affirmez est vrai, vous pouvez rendre à une âme en peine un service signalé. Retournez à l’église avec votre enfant qui n’a pas encore dix ans ; ce sera lui qui répondra la messe, et, quand elle sera terminée, l’officiant lui demandera ce qu’il désire pour sa peine. Vous lui recommanderez de dire : « Je demande le ciel. »

La nuit suivante, la femme fut enfermée dans l’église, ainsi que son enfant.

À minuit, le prêtre revint comme la veille, et il dit d’une voix lente et grave :

— Y a-t-il quelqu’un qui veuille répondre ma messe ?

— Ce sera moi, dit l’enfant en s’avançant.

— C’est toi, mon enfant ; viens ici.

Le petit garçon répondit la messe, et quand elle fut terminée, le prêtre se retourna vers lui :

— Tu m’as rendu un grand service, car il y a vingt-cinq ans que je viens ici toutes les nuits, et grâce à toi, je suis maintenant débarrassé. Que demandes-tu pour ta récompense, mon enfant ?

— Le paradis, répondit-il.

— Dans trois jours tu y seras.

Et le troisième jour, l’enfant mourut.

(Conté en 1879 par Scolastique Durand, de Plévenon.)