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nommait Amélie, s’écria qu’elle voulait bien prendre Jean le Laid pour mari.

Après les noces, Amélie alla demeurer dans la maison de son mari.

Un jour qu’elle se promenait aussi dans le jardin, elle vit passer son amie, qui lui dit :

— Comment ! tu as épousé Jean le Laid qui a tué ta sœur et qui est si vilain ?

— Ah ! répondit-elle, je me suis mariée avec lui parce que mon père lui doit de l’argent ; mais je ne l’aime point.

Jean le Laid entendit encore cela, et au milieu de la nuit il tua sa femme.

Après ce nouveau meurtre, il n’osa retourner chez son beau-père, et il resta trois jours sans avoir le courage d’aller lui annoncer la mort de sa seconde fille.

Il s’y décida enfin et dit au bonhomme qu’il voulait ses trois mille francs ou la troisième fille en mariage.

Le bonhomme s’écria qu’il n’y consentirait jamais, et qu’il aimait mieux se revendre au diable que de perdre le seul enfant qui lui restât.

Mais la fille, qui se nommait Louise, et qui était douce et bonne, dit à son père qu’elle consentait à épouser Jean le Laid. La noce eut lieu, et la nouvelle mariée alla demeurer avec son mari.