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Elle se promenait souvent dans son jardin, et, un jour qu’elle y était, elle vit encore passer son amie, qui lui dit :

— Est-il possible que tu aies consenti à épouser Jean le Laid, qui est horrible à regarder et qui a tué tes deux sœurs ?

— Ah ! répondit Louise, si je l’ai pris pour mon mari, c’est que je l’aimais.

À peine eut-elle dit ces mots que Jean le Laid, qui était encore à écouter, se montra devant elle ; il était changé du tout au tout, et il était devenu aussi charmant qu’il était vilain auparavant, car la fée qui l’avait maudit l’avait condamné à rester laid et horrible à voir jusqu’à ce qu’il eût trouvé une femme qui l’aimât, malgré sa laideur.

Alors Louise fut bien contente ; elle fit venir son père, et elle devint princesse. Ils firent de grandes réjouissances ; depuis ils vécurent heureux, et ils ne pensèrent plus aux deux filles qui étaient mortes.

(Conté en 1870 par Rose Renaud, de Saint-Cast, âgée de cinquante-cinq ans environ.)


Le conte qui, à ma connaissance, se rapproche le plus de Jean le Laid est celui de l’Homme-Poulain de Luzel (IVe rapport, page 184 des Archives des Missions scientifiques). L’homme-poulain, fils d’un seigneur, épouse successivement les trois filles