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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/482

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mières maisons de banque de la métropole. Mais enfin il sut triompher de toutes les difficultés, il arriva à les surmonter toutes. Et finalement la mode de la poche par derrière les robes de femmes devint tout à fait universelle, mais ce ne fut pas, hélas, sans de gros sacrifices.

Parmi les femmes de chambre, il y eut des indiscrétions et, sans penser à mal, quelques-unes laissèrent échapper le nom de leur amoureux.

Les couturiers ouvrirent l’œil, firent une enquête, et, en gens pratiques, refusèrent de marcher, si le syndicat des pickpockets ne leur faisait pas une forte redevance sur leurs prises.

— Comment, disaient-ils, vous allez, grâce à la mode des poches de dames placées par derrière, gagner facilement des millions et des millions, peut-être des centaines par an et vous ne nous donneriez rien ; avouez que ce ne serait pas moral. Vous devriez partager avec nous, si vous étiez loyaux. Fixez un prix raisonnable, sérieux, honorable, ou nous mangeons le morceau.

Le syndicat des pickpockets dut capituler.

Je pense qu’il est inutile d’ajouter qu’il ne tarda pas à s’entendre avec les confrères des autres syndicats en Europe et particulièrement en France.

Et voilà comment, à travers le monde, les pickpockets qui ont lancé cette idée géniale, furent cependant obligés de payer une forte redevance aux grands couturiers…