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magnificence. Les autres jours de la semaine, des réunions particulières vous permettent de retrouver sans cesse les mêmes personnes, et comme la bonne compagnie n’est pas assez nombreuse pour se diviser, il en résulte une intimité prompte et des relations suivies. Le monde de Naples ressemble assez, pour le ton, les manières et les habitudes, à celui de Paris ; on y a seulement plus d’indulgence et moins d’hypocrisie que chez nous. La bienveillance et l’envie d’être agréable se retrouvent partout. On pense à ce qui peut plaire à telle personne ; on se dérange, on envoie ses domestiques de grand matin pour faire plaisir à un ami. On parle beaucoup les uns des autres ; on s’appesantit sur des bagatelles dont en France vous ne voudriez pas dire quatre mots ; mais on va rarement jusqu’à médire. Il serait injuste d’attribuer ce respect du prochain à l’arrière-pensée de l’indulgence dont on a besoin pour soi-même, car la société de Naples n’est pas plus pervertie que celle des autres capitales. Elle a seulement plus de franchise.