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grade, ils se donnent entre eux de la seigneurie et se parlent chapeau bas ; du reste, ils se volent réciproquement leurs honoraires et bénéfices.

À en juger par la grossièreté de leurs ruses, on doit croire que les facchini de l’Italie entière regardent les étrangers comme des imbéciles pour qui tous les mensonges sont bons. C’est toujours le Polichinelle fertile et maladroit trompant le Pancrace, et réussissant parce que le Pancrace est crédule et stupide, mais recevant des coups de bâton des autres personnages de la comédie. Si vous faites porter une valise à un commissionnaire napolitain, il l’enlève comme une plume, court devant vous à grands pas et monte d’un bond l’escalier ; et puis, au moment de déposer son fardeau, il commence un autre jeu : comme si le poids devenait tout à coup énorme, le facchino marche péniblement, les genoux plies, le dos voûté, la bouche ouverte, la poitrine haletante, et, tandis que vous fouillez à la poche, il s’essuie le front avec sa manche en