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ouvrez votre fenêtre, la sentinelle du château de l’Œuf berce les ennuis de la faction avec l’air à la mode. Alors vous commencez à votre tour à le chanter, d’abord tout bas, et puis à tue-tête, comme les autres. Vous le fredonnez en allant en voiture ; le cocher l’entonne sur son siège, et le guaglione grimpé par derrière accompagne à la tierce. La manie vous gagne. À la première paire de beaux yeux que vous rencontrez, vous murmurez : Te voglio ben’assaïe. Vous vous figurez vouloir beaucoup de bien à une personne qui ne songe pas à vous ; l’attendrissement s’en mêle, vous vous écriez : E tu non pienzi a me ! et les larmes vous viennent aux yeux.

Il y a un grand nombre de ces chansons populaires dont les auteurs sont inconnus. Elles poussent comme des fleurs sauvages qui répandent un parfum particulier, souvent plus doux que celui des jardins les mieux cultivés. Dans certaine disposition de l’âme, ces modestes plantes vous charment plus que les superbes tulipes du Tasse et même que les roses