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le mal ne semble pas grave, Polichinelle le déclare incurable. Il gorge son patient de drogues, et met en marche tout le corps d’armée de la pharmacie. L’homme expire accablé de soins et entouré de fioles infernales. Les héritiers payent généreusement l’habile docteur, la Mort saisit sa victime, et tout le monde est satisfait.

Pour donner à son associé un spectacle intéressant, la Mort le conduit dans un endroit où sont de petites flammes qui représentent les âmes des personnes vivantes. C’est par ce tableau des habitants de la terre qu’elle juge des gens dont la fin approche et des portes où il convient d’aller frapper.

— Quelle est, demande Polichinelle , cette belle flamme qui brille si fort ?

— C’est, répond la Mort, l’âme d’un facchino de Chiaja qui n’a pas de souliers ; le coquin se moque de moi.

— Et celle-ci, qui paraît prête à s’éteindre et vacille comme une bougie de Noël ?

— C’est l’âme d’un pauvre homme labo-