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de l’espièglerie. Elle se querellait avec ses maîtres et n’obéissait qu’à moi ; ce respect me toucha, mais j’aurais voulu gagner autant d’amitié que de soumission, et j’y réussissais mal. Sans avoir un naturel antipathique, elle était peu disposée à la tendresse. Je l’en aimai davantage par un travers que je ne saurais expliquer. Son intelligence, son babil d’enfant, ses espiègleries, et ses observations moqueuses sur les habitués de la maison, me divertissaient extrêmement. Je la transformai tout de suite en fille de bonne maison. Il ne lui resta de sauvage que son horreur pour les chaussures. Quant aux corsets, elle n’en voulut jamais entendre parler. Un jour, elle s’emporta contre son maître d’écriture et elle l’appela sot animal ; c’était la vérité, mais le maître se fâcha et voulut la battre. Elle lui jeta une écritoire au visage. Voilà des cris, des plaintes et un grand vacarme. Je parvins à garder mon sérieux devant le masque noirci du maître et je grondai très-sévèrement. La petite écouta ma répri-