Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 235 —

mande sans oser murmurer, puis elle s’écria tout à coup : Guaï à me ! (malheur à moi ! ) et elle disparut. On la retrouva au bout de vingt-quatre heures, blottie dans le fond d’un grenier, s’imaginant qu’elle pourrait y vivre de rapines, sans jamais en redescendre. Cette première incartade me fit réfléchir ; je comprenais que je voulais apprivoiser une hirondelle, et la difficulté m’excita davantage à poursuivre l’entreprise .

À treize ans, la beauté d’Antonia s’épanouit subitement comme la fleur d’un cactus. À son air exalté, je devinai que la nature deviendrait bientôt plus puissante en elle que ses faibles principes. Elle ne regardait plus les jeunes gens avec les yeux d’un enfant, et, pour la soustraire aux dangers, je l’emmenai avec moi à Sorrente, où je louai une maison sur le bord de la mer. Antonia s’y trouva fort heureuse, et put à son aise courir pieds nus dans le jardin. Au bout de ce jardin était un bosquet d’orangers en forme de terrasse, et situé au-dessus d’une ruelle où des âniers at-