de sa taille, Eschyle est au-dessus du goût et des règles. Ses difformités sont inhérentes a sa hauteur même. Il y a de l’obscurité sur ses pensées comme il y a des nuées sur les cimes. Il a l’emphase de la tempête et le hérissement du lion. Les toises et les aunes de la rhétorique se rapetissent jusqu’au ridicule, lorsqu’elles s’appliquent à de tels génies. — Qu’ils soient comme ils sont, ou qu’ils ne soient pas !
Eschyle avait composé quatre-vingt-dix tragédies, il en reste sept ; c’est le plus effroyable naufrage poétique de l’antiquité. Avec des trésors de génie, une masse de mythes, de traditions, de légendes, remontant, par delà Hésiode et Homère, aux origines de la pensée grecque, a disparu dans ce grand désastre. Un monde s’est évanoui sous la fumée de quelques manuscrits détruits par le feu. Au second livre de son poème, Virgile fait voir à Énée, dans les ténèbres brûlantes d’Ilion renversée, les formes redoutables des Divinités qui président à sa destruction.
Apparent diræ facies, inimicaque Trojæ
Numina magna Deum…
De même, des fables terribles, des drames inouïs, des groupes tragiques de trilogies enlacées, comme