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LA PERSE ET LA GRÈCE.

monte sur sa terrasse, à l’heure de la prière, il s’agenouille, le visage tourné du côté de Jérusalem, et il invoque l’Éternel. Les satrapes le dénoncent au roi, qui veut le sauver ; mais ils lui disent : « — Sache, ô roi, que la loi des Perses est qu’aucun arrêt rendu par le roi ne puisse être ni révoqué, ni changé. » Darius, qui aimait Daniel, se désole il n’en fait pas moins jeter aux lions le prophète, et il scelle de son anneau la dalle de la fosse.

Les sujets du grand Roi lui appartenaient corps et biens ; aucune distinction dans leur esclavage. Il a des taureaux dans un troupeau, et il y a aussi des pourceaux ; tous également soumis au bâton et au couteau du pasteur. De même le gouverneur de royaume ne pesait pas plus dans l’arbitraire du monarque que le gardien de ses étables ou le porteur de son chasse-mouches. — Cambyse voulant, un jour, prouver son adresse à son chambellan Prexaspès, perça son fils, en présence du père, d’un coup de flèche entre les deux yeux. Une autre fois il fit enterrer vifs douze jeunes nobles, la tête en dehors du sol, sans prétexte aucun, sans colère, parce que telle était sa fantaisie du moment. — Un jour, il ordonne de faire mourir Crésus qui, depuis la conquête de son royaume par Cyrus, vieillissait honorablement à la cour de Perse. Les hommes chargés de l’exécution la retardent, craignant qu’il ne les