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ESCHYLE.

dacieux qui osait paraître devant lui sans avoir été appelé. — « J’irai donc chez le Roi » — dit à Mardochée Esther, la reine favorite, la « Perle », comme il l’avait surnommée, — « J’irai chez le Roi, ce qui est contre la loi. Si alors je péris, que je périsse ! » — Et elle s’achemine vers la chambre royale, comme elle entrerait dans l’antre d’un lion endormi.

Le Roi pouvait tout et il voulait tout, son omnipotence était absolue. Il avait hérité de toutes les souverainetés des nations conquises : la théocratie des Pharaons, la divinisation des rois assyriens, s’étaient ajoutées à son despotisme. Les lois s’abattaient devant son caprice ; il trônait au-dessus de tout droit et de tout devoir. — Cambyse devint amoureux de sa sœur, et il voulut l’épouser. Cependant un scrupule le prit, il convoqua les juges royaux et leur demanda si c’était permis. Les juges répondirent qu’ils ne savaient aucune loi qui autorisât le mariage entre frère et sœur, mais qu’ils en connaissaient une permettant au roi de Perse de faire tout ce qu’il voudrait. — Tout ordre sorti de sa bouche était fatal et irrévocable. Qu’il y persistât ou s’en repentit, il ne pouvait pas plus le rétracter que l’arc ne peut ramener à lui la flèche lancée par sa corde. — Le Darius de la Bible (Dariawesch) décrète que quiconque, dans l’espace de trente jours, priera un autre dieu que lui, sera jeté dans la fosse aux lions, Daniel